La désobéissance civile

 Donc, le maire de Béziers organise un fichage des enfants supposés musulmans (et ceci en se référant uniquement à l'origine du prénom!).

Certains enseignants ont participé à cette collecte d'information...

Cela amène à se poser la question, générale, de savoir s'il faut obéir à la loi, expression démocratique, dans tous les cas. Désobéir peut en effet paraître, dans une première approche, antidémocratique.

Cependant, ceci ne le sera pas si la loi en question se trouve être anticonstitutionnelle ( = qui ne respecte pas la constitution dont les fondements sont les droits de l'homme). Mais cela signifierait qu'elle a été votée telle quelle et qu'elle serait passée entre les mailles, outre les vérifications de l'assemblée nationale et du sénat. Cela reste en droit, possible mais peu probable.

Il s'agit dans le cas de Béziers, d'un abus de pouvoir exécutif et nullement de lois ou de décrets. Le maire prétextant un simple comptage pour les repas halals à la cantine. Cela peut 'passer' sans que l'on s'en rende compte!

La 'désobéissance civile' chère à Thoreau implique donc une grande vigilance de notre part à tous. Thoreau crée ce concept en 1849 quand il refuse de payer des taxes en faveur d'une guerre au Mexique. Il fera un an de prison pour cela. Qui en a fait de même à l'époque? Combien de résistants en 40 pour braver la loi française? Qui est prêt à détruire un Mc Do ou arracher un plan d'OGM?

 Au nom de quoi désobéir? Ce sera forcément au nom de principes supérieurs à la loi (philosophiques, moraux, religieux) dont on peut toujours discuter la pertinence! Ceux qui luttent contre l'avortement, le font au nom de la désobéissance civile!

C'est pourquoi je crois que la désobéissance civile ne peut qu'être non-violente dans le cas de la lutte contre une loi constitutionnelle. Elle doit rechercher l'adhésion d'un plus grand nombre (comme l'a fait Gandhi ou les ZAD aujourd'hui) pour faire basculer la loi par des voies légales.

La violence ne sera, à mon avis, légitime, que dans le cas d'une dictature qui ne respecterait plus les droits de l'homme de 1789 comme le fondement de sa constitution, ne faisant plus cas, donc, de la liberté de chacun.

Dans le cadre d'un état de droit, il ne s'agira donc pas de tenter d'imposer, symétriquement, sa propre vision des choses au nom de principes quelconques, mais d'essayer de montrer le 'moindre mal' que représente la solution proposée à un fait contesté. Dans le cas de Béziers, il s'agira simplement, par exemple, de demander aux familles celles qui désirent un repas spécial.

La vigilance disais-je et non l'oubli de soi que requiert la quotidienneté. Cet effort est de notre responsabilité!

Le "j'ai obéi aux ordres" de Eichmann, bourreau nazi, dont Hannah Arendt a décrit les conséquences comme adaptation au mal ou 'banalité du mal' dit-elle, en est un exemple. Cette banalité du mal qui le rend transparent.

La "perte du sens de la responsabilité" écrit Milgram en conclusion de ses analyses, explique les outrances auxquelles vont se prêter les acteurs de l'expérience suivante :

L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.

Cette expérience menée par le psychologue Stanley Milgram (entre 1960 et 1963) cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet (le détail hallucinant des résultats à consulter sur Wikipédia).

La désobéissance civile est en réalité ce qui défend la loi contre l'autorité!

Elle est essentiellement anarchiste.