Libère mon imagination

 

 

Pour cette semaine, voici un hyper-classique du rap old school : "Libère mon imagination" extrait de l'Album L'école du micro d'argent sorti en 1997 de IAM.

Le titre revient sur les origines du Hip Hop : "Ma musique est née dans un champ de coton!" c'est-à-dire qu'elle trouve son origine dans les Negro Spirituals, le Blues, le Jazz... Mc Soolar chantait à la même époque : "Si le Rap aujourd'hui excelle, le Jazz en est l'étincelle."

Akhénaton déclare pour sa part que l'île de Gorée au Sénégal qui était le départ des navires négriers est "à l'origine de son style et de sa plume". La déportation et l'esclavage comme origine... L'exil sans cesse rappelé par l'imagination, plus précisément, par les images de la mémoire qui renvoient à une liberté perdue, à la terre natale. La vertu du tempo est de libérer les esprits par opposition aux corps enchaînés.

Pour la petite touche narrative, sachez que nous sommes allés sur l'île de Gorée en 1998 et c'est un souvenir poignant. J'avais alors fait une crise de palu et la fièvre m'avait, à moi aussi, un peu libéré l'imagination! J'avais été soigné par un gynéco (c'était un dimanche à Dakar...) qui voulait me rapatrier...

Mais revenons au titre :

Le croisement des flows et la répétition incessante du thème, tout en évoquant le travail répétitif lui-même, créent un effet de transe qui transporte l'esprit vers les rivages africains et tous les symboles du retour en terre promise dont s'est aussi inspiré le reggae avant le rap. D'ailleurs certains situent l'origine propre de ce dernier, non pas aux états-unis mais bien en Jamaïque... Parlant des origines, on pourrait tout autant faire remonter la scansion du rap au scat des jazzmen ou aux griots africains, qui, moyennant récompenses, chantaient les louanges des puissants mais aussi à l'histoire immémoriale de la poésie en général.

Je trouve aussi pour ma part, intuitivement, sans vraiment savoir pourquoi (mais j'en sais plus à présent), beaucoup de rapports entre du Brassens par exemple et l'aspect parlé et conté du rap.

Ainsi l'innovation propre au rap, plus que le fait de parler rythmiquement sur la musique, me semble-t-elle plutôt tenir à l'utilisation du sample. Sample qui permet une libération des instruments (des chaînes?) et le développement du style, du flow (reconnaissable). Plus largement, à la construction d'une 'street attitude'. Il suffit d'un Ghetto Blaster (un poste), d'une cassette et le rap jaillit !

C'est comme faire du bloc en escalade, on se libère des chaînes du matos (cordes, mousquetons...) et l'on peut développer style et contrôle. Le geste pour le geste, esthétique, une danse.

Bref, je m'emporte un peu mais en tout cas, je ne sais plus s'ils l'ont faite, cette chanson, le 28 mars 2014 quand nous étions au concert de Montélimar, les gars, mais je me souviens que le groupe IAM nous a bien libéré le corps. Plus précisément d'ailleurs celui de Hervé qui était, à la lettre, en furie!

Yo ! Une régalade!

Commentaires (2)

1. Cyrille 18/04/2015

"le tempo libère mon imagination, me rappel... que ma musique est née dans un champs de coton..." cette phrase est extraite du morceau les tam-tams de l'Afrique de l'album "de la planète Mars" premier album d'IAM. chanson qui raconte l'esclavage.

2. Nico 18/04/2015

Yes! Avec la coupe à l'égyptienne qui va bien...

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