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Avec de tels scores annoncés en faveur du FN par ces statistiques, il ne me semble pas absurde d'avouer avec Valls notre peur à ce sujet.

"J'ai peur" a-t-il en effet déclaré et on le lui reproche. Sarko le lui reproche et s'en moque. 

Pourquoi?

Une alternative : soit il déclare publiquement qu'il est lui-même un individu sans peurs, soit l'objet de la peur n'est pas jugé digne, précisément, de provoquer cette dernière.

Je crois que l'on peut éliminer le premier terme de l'alternative qui consiste à nier la peur (il ne s'y risquerait pas pour ne pas paraitre d'une ridicule vanité), au profit du second. Le FN n'est donc pas un objet de peur pour Sarko et l'UMP. Ils ont une certitude : celle que le FN n'est pas à craindre et n'engendrera pas, par exemple, un état fasciste. Mais sur quoi repose cette certitude là et quel est le statut de la certitude en général? Ne nie-t-elle pas la complexité du réel?

En effet, les évènements qui sont la matière de l'histoire, sont multiples, imprédictibles, changeants. Ils échappent à toute déduction (conclusion logique) en tant qu'ils ne sont pas des objets logiques ou mathématiques dont on maîtrise les tenants et aboutissants, dont on cerne l'origine et la fin. Notre monde est celui du sublunaire (Aristote), les évènements ne sont pas des êtres mathématiques, on ignore la chaîne causale totale de leur provenance et de leur portée. Leur complexité semble infinie au grand regret des totalitarismes et fascismes qui se nourissent, précisément, de certitudes (sens de l'histoire, nature humaine, etc...).

Les premiers principes sont pourtant indémontrables (Aristote), parfois même irrationnels selon Platon. Ils traversent les corps, apparaissent spontanément par notre rapport au monde, de façon immanente. Une certitude se construit à partir de ces premiers principes que l'on se donne, mieux, que l'on vit, ils sont notre rapport au monde (nous voyons un animal sauvage quant un Achuar voit un ancêtre), ils constituent une axiomatique (celle d'Euclide par exemple), des éléments à partir desquels on pense le monde, mais ne peuvent aucunement prétendre à une certitude absolue. Une déduction, en effet, ne s'élabore que dans son rapport avec un référentiel. Le fait que la somme des angles d'un triangle égale 180°, n'est vrai que sur une surface plane. Un triangle tracé sur une sphère n'aura pas les mêmes propriétés par exemple.

La vision du monde de Sarko n'est pas la mienne, la façon dont il s'inscrit dans la réalité non plus.

Afficher autant de certitudes n'est que la preuve d'une bêtise profonde, d'une ignorance de la réalité. C'est comme ce capitaine du bateau Titanic qui s'obstine à nier la réalité, qui part du principe que son bateau est insubmersible et en déduit qu'il ne peut couler. C'est là un raisonnement logique qui ne peut s'appliquer à la complexité du réel.

Sarko, donc, n'a pas peur.

Pourtant la peur est une réaction saine qui permet de se préparer et de se défendre. On a peur devant quelque chose de connu contrairement à l'angoisse qui reste une inquiétude indéterminée.

Mais non! Comme un bon capitaine en son bateau, Sarko n'a pas peur! Montrer sa peur risquerait d'effrayer la population, ce pauvre peuple inculte et impressionnable!

Bon, alors là, ça suffit avec cette allégorie du bateau qui coule et qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde, etc...

Il faut détruire cette pseudo évidence (comme celle là : Le renard et les raisins).

D'ailleurs, à cette image du bateau, je préfère celle de la moufle. Si vous ne la connaissez pas, je vais vous la raconter. Elle pourra servir de contre-argument ou de contre-histoire à celle du bateau à chaque fois que vous l'entendrez. C'est un conte de la tradition russe.

Voilà:

C'est l'histoire d'un bûcheron qui perd sa moufle dans la forêt pendant le terrible hiver russe. Une souris transie décide de s'y installer. Puis viennent demander asile respectivement une grenouille, un lapin, un renard et un loup. Les occupants de la moufle se serrent, acceptent à chaque fois le nouvel arrivant.

Arrive pourtant un ours énorme alors que la moufle est déjà prête à craquer. Dans un premier temps, les occupants lui refusent l'accès. Mais après les multiples supplications de l'ours, la souris craque et accepte. La moufle, elle aussi, est prête à craquer à nouveau mais la souris déclare : "Advienne que pourra!" (c'est l'opposé de : "on ne peut accueillir la misère, etc...). Les occupants se poussent, se serrent et l'ours entre. Malheureusement, une fourmi qui ne demande rien, et cela est important de le noter, entre à son tour. La moufle éclate et projette les occupants dans toutes les directions, elle les sépare à nouveau.

Fin de l'histoire.

Nous sommes à l'opposé de la pseudo morale du bateau qui peut se résumer à : "Chacun pour sa peau!". Au contraire, dans ce conte, les habitants font place à chaque nouvel arrivant et ceci même si le bateau risque de couler, la moufle d'éclater. Ils sont liés par des liens de solidarité trans-spécifiques, supranationaux si l'on veut. La solidarité ne s'applique pas ici aux seuls cercles de la famille et de la nation, à ceux qui sont déjà dans le bateau ou dans la moufle mais s'étend à tous ceux transis de froid, aux miséreux.

L'allégorie du bateau est fausse en ceci qu'elle suppose des individus à l'extérieur du bateau. Cette vision est d'emblée fausse à l'époque de la mondialisation dans laquelle, précisément, nous sommes tous dans le même bateau, la même Terre! Chaque décision concerne le monde entier et l'on ne peut nier la misère des autres.

Il nous faut partager, nous serrer sinon, effectivement, le bateau coulera à la moindre petite fourmi qui se sentira exclue.

Vive Diaspora!

 

Dernières minutes :

1- J'apprends à l'instant les attentats au musée de Tunis. Voilà qui va encore faire le terreau des votes FN et de ce fait, très justement d'ailleurs, nourrir la peur de Valls!

2- Vraiment, le peuple tunisien est incroyable! Initiateur des révolutions arabe, du "printemps arabe", c'est un peuple qui sait descendre dans la rue spontanément, un peuple uni, solidaire et qui désire se battre pour la liberté. Personne ne pourra casser le processus démocratique déjà bien engagé. Bravo!

 

 

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