Nous contre eux

"Nous contre eux", morceau tiré de l'album du Rat Luciano (2000) membre de la FF, collectif marseillais.

Trois flow se suivent. Le Rat puis Rohff (Paris, crew Mafia Kainfri) et Sat (FF) en featuring. Le Rat débute avec son accent de fou et le morceau monte vraiment en puissance avec un final quasi hard rock. Ecoutez jusqu'à la fin!

Le thème est assez révolutionnaire, "nique l'état c'est nous contre eux"! Il célèbre les gens du peuple et le Rat déclare être fasciné par la classe ouvrière... Il opère un renversement des valeurs, la chanson est "dédiée aux gens durs menant une vie dure", des gens qui n'attendent rien de l'état : "on compte que sur nous vu qu'pour eux on compte peu".

Un texte vraiment intéressant à mon avis mais je vous laisse écouter à présent!

Toutefois, je ne peux finir sans évoquer cette anecdote (qui me fait toujours rire) à propos de cette chanson.

Voici:

Selon Kant, il n'y a pas de critères du beau. Il en existe pour l'agréable (les goûts et les couleurs) et l'utile par exemple. Aussi Le beau n'est-il pas dans l'objet de la perception mais dans les opérations de l'esprit percevant (je ne rentre pas dans le détail ici). Ainsi peut-on déclarer avec Kant que "l'art n'est pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose" (le tableau de Rembrandt représentant une carcasse par exemple : Le boeuf écorché). Le beau échappe à toute conceptualisation car il se situe dans le plaisir de la perception et conséquemment dans le sentiment de sa propre dignité humaine qui en découle.

Le beau est ce qui plaît immédiatement et sans concepts. L'absence de critères du beau nous conduit à chercher l'adhésion des autres que l'on juge semblables par analogie, dont on suppose qu'ils éprouvent le même sentiment esthétique. Le jugement esthétique a donc une prétention universelle, on désire le partager et recevoir l'assentiment des autres.

C'était l'été, une chaleur étouffante. J'étais avec Hervé dans ma 205 rouge, je sais plus ce qu'on faisait. J'adorais cette chanson et je voulais la lui faire écouter et aimer absolument. Après plusieurs écoutes préalables et devant son scepticisme, j'avais donc fermer les fenêtres et poussé le son à fond. Ambiance! Il allait se régaler, c'est sûr!

Tout à coup, conduisant, je risque un regard sur ma droite pour constater sa régalade et j'aperçois de grosses gouttes de chaleur sur son front, son air supplicié. Hervé agonisait, la chaleur suffocante, le son saturé... Mettez-vous à sa place! C'est trop drôle!

Je ne sais plus si on en a parlé sur le coup mais je me souviens avoir baissé les vitres et le son, repris la conversation comme si de rien n'était, taisant ma déception. Je suis encore mort de rire en y pensant.

Ecoutez, régalez-vous et poussez le son à fond!