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Jet Valls

 

Manuel Valls a pris un Jet aux frais du contribuable (et en a fait profiter ses deux enfants!) pour assister à un match de football. A votre avis de qui cela fait-il le jeu politique? Qui va bénéficier de cette faute (ou de cette maladresse?) si ce n'est le FN?

Voyez (vraiment!) cette interview prémonitoire et fascinante de Ferré datant de 1971:

 

 

"La gauche est la salle d'attente du fascisme" déclare Ferré! Cette gauche-là, en tout cas, mi-figue mi-raisin, c'est sûr, finit par dégoûter ceux qui avaient la naïveté (?) d'y croire encore après le discours de Hollande lors de son face-à-face avec Sarkozy en 2012 ("Moi président,...").

"Vous connaissez un artiste de gauche? Dans ce qu'il fait, dans la technique?" enchaîne Léo, provocateur. Etre de gauche n'est pas une simple déclaration d'intention, c'est une incarnation, une manière d'être-au-monde, un engagement quotidien qui ne relève pas d'un geste politique explicite proprement dit. C'est un rapport à l'Autre en général, humain ou pas, réel ou phantasmé. Etre de gauche c'est partir de l'Autre et non de soi, c'est définir le Même, soi-même (cette 'habitude de dire je') non par le Même (partir de soi) mais par l'Autre. Définir le Même par l'Autre.

Cela me fait penser à l'Abécédaire de Deleuze dans lequel il définit le mouvement de gauche comme centripète et de droite comme centrifuge. Pour l'enseignement de la géographie par exemple (les instits, écoutez bien!), il s'agira alors de commencer par le système solaire, puis la Terre, etc., jusqu'à soi-même et non l'inverse comme cela nous est enseigné dans les IUFM (fondamentalement de droite donc?). On dira que l'enfant ne perçoit que son environnement proche... Ah bon? et les adultes perçoivent-ils autre chose que cet environnement proche? De plus, même le petit enfant ne perçoit les limites de son moi, de son corps que dans l'opposition à un non-moi, à l'Autre précisément. C'est l'Autre qui limite ma sphère perceptive, justement, comme étant la mienne. Tel enfant autiste profond (de Kanner dit-on) dont la mère avait l'habitude d'embrasser le genou par exemple après une chute, tantôt embrasse son genou, tantôt le sol à l'endroit de l'impact. Absence d'extériorité (autisme vient du préfixe grec auto), absence d'un moi constitué. Ne persiste qu'un ego impersonnel (dont j'ai parlé la semaine dernière), un flux phénoménal illocalisé et indifférencié auquel je tiens profondément comme essence, étincelle originaire de la pensée.

Ce n'est pas nous qui sommes mais c'est l'extériorité de nos projets, de nos actes, qui nous détermine, qui nous fait.

Pour répondre à la question de Ferré, je crois que ce n'est pas 'nous' qui faisons de l'art mais c'est l'oeuvre d'art (comme acte originaire de création, de sortie du Même) qui nous fait. Comme "l'existence précède l'essence" pour Sartre, nous pouvons dire que seuls nos actes déterminent ce que nous sommes, révèlent nos projets. Nous ne décidons pas d'être de gauche ou pas. Je crois que nous le sommes toujours déjà (ou pas), dans un mouvement perceptif centripète, comme une tendance originaire de notre rapport au monde.

Comme je l'écrivais la semaine dernière, l'art rompt avec le schéma de l'habitude, avec les structures fascisantes de la pensée. Il n'est pas une reproduction ou une représentation du Monde du 'on', du marché commun, du prêt-à-penser. Comme le dit le peintre Soulages : "Je ne représente pas, je présente, je ne dépeins pas, je peins". Il présente un Monde nouveau. Ou encore Paul Klee : "L'art ne rend pas le visible, il rend visible".

Qui l'a lu, par exemple, ne peut plus entrer dans un grand magasin sans se figurer les descriptions de Au bonheur des dames de Zola, ou encore se représenter l'école de l'immédiat après-guerre sans avoir les photographies de Doisneau à l'esprit, imaginer l'Ouest américain au XIXème siècle sans se remémorer les films de John Ford et la silhouette de John Wayne.

Linformation scolaire 1956

Nous ne voyons le monde qu'au travers nos acquis culturels et artistiques. Comme l'écrit Heidegger, c'est le temple-Parthénon qui révèle la montagne-Acropole et non l'inverse!

Sans titre 1

 

L'art nous révèle le monde et le rend perceptible. Conséquemment, la misère culturelle ou la clôture d'une société sur elle-même, tout cela entraîne un appauvrissement du monde. Le monde que nous apercevons ne s'ordonne, ne se structure que relativement à notre fond commun d'humanité (ou de vivants?) que nous pouvons appeler culture. C'est pourquoi nous devons exiger (ou tendre vers cela), non pas seulement une égalité de droit qui revient au 'mérite' sarkozyste, mais bien une égalité de fait qui oeuvre pour l'équité, la donation à chacun d'un capital culturel et économique conséquent, un fond commun qui fasse 'peuple'.

Peut-être existe-t-il une vision artistique de la politique, une poétique politique qui propose des mondes (l'Autre) et consécutivement, dissout le moi (le Même). Qui part des autres et revient à soi. Sinon, il reste à l'inventer.

Allez dans la ZAC!

 

 

 

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