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Barbapapa

Barbapapa

Talus Taylor, l'un des deux créateurs de Barbapapa est mort.

Barbapapa avait ceci de rassurant qu'il restait le même malgré ces différentes transformations, il conservait son identité dans le changement.

Une subjectivité unique persiste et s'affirme à travers les différentes apparences empruntées. Ce n'est pas là une conception occidentale qui prive habituellement d'esprit ou disons d'intériorité les animaux non-humains. Notre conception dite naturaliste s'oppose à cette vision animiste de type amazonien telle que la définit Descola dans Par delà nature et culture.

La conception animiste considère l'intériorité comme étant présente et identique dans les physicalités. Les Achuar par exemple, considèrent les animaux non-humains comme des subjectivités avec un langage, une histoire, etc...

L'Idée de Bushsoul est cette croyance selon laquelle l'âme peut se transporter à l'intérieur d'une autre physicalité réelle ou fantasmée par le moyen de la transe chamanique ou l'usage de talisman par exemple.

Dans notre conception du monde, nous voyons la nature comme une vaste étendue de matière soumise à de strictes lois physiques déterminées et déterminables. Les animaux non-humains sont réduits à de simples comportements pavlovien, prédictibles (même si l'éthologie montre le contraire et la diversité des réponses animales devant telle ou telle situation, elle peine à rentrer dans l'Esprit du temps, la vision du monde occidentale). La nature est comme une mécanique, une machine-outil à notre service.

Toutefois, d'autres conceptions du monde sont possibles, c'est ce que Barbapapa enseigne aux enfants, en ceci il est révolutionnaire! Il faut enseigner aux enfants les incertitudes, le mystère des origines... Notre savoir n'est valable qu'en ceci qu'il se détermine, précisément, relativement à ses propres limites, celles qu'il se donne et repousse, par rapport à ce qu'il laisse indéterminé, invisible. Le Big Bang par exemple, n'a de sens que par rapport au néant. Il est pensé comme le surgissement de l'être, le passage du rien au tout. Ce passage n'est pensable que grâce au néant, précisément, ce dont on ne sait rien.

Notre rapport au monde, par essence, se constitue de continuités et de discontinuités.

Que voyons nous quand nous regardons?

Notre vue même est acquise, fabriquée, d'essence culturelle.

Les animistes par exemple, contrairement à nous, ne placent pas la continuité dans la matière (ressemblance des corps ou physicalités) mais dans l'esprit ou conscience (ressemblance des intériorités). Ils ont un autre monde, un autre rapport, une autre vue, ils ne voient pas un jaguar (comme un agrégat particulier de matière) mais un ancêtre. La continuité est placée dans l'intériorité. C'est une révolution!

Je crois pour ma part, qu'il existe une continuité temporelle de la pensée. Nous ne nous projetons pas dans nos souvenirs comme s'ils étaient rangés dans une boîte nommée cerveau. Nous allons vers eux comme nous changeons de pièce par exemple. Notre vision du monde, essentiellement, est construite sur le présupposé de la continuité de la matière, des corps. Cela ne nous semble donc pas extravagant que derrière le mur de la salle, se trouve une autre salle, etc... Pourtant cela n'est pas visible, nous n'y sommes pas physiquement, mais nous pouvons visualiser nos actions et mouvements à l'extérieur comme si nous y étions. Je crois qu'il en est de même pour la mémoire, nous nous y déplaçons comme dans un plan, la totalité du vécu est disponible, se tient de lui-même dans la présence, il s'agit d'accéder aux bonnes portes et chemins.

Ce n'est pas la pensée qui est dans le cerveau mais le cerveau qui est dans la pensée. Quelles que soient les études que nous réalisons sur notre propre cerveau, nous ne pouvons sortir de la supposition d'une pensée qui le pense, se le représente pour ensuite le disséquer. Une part d'indéterminé entoure et conditionne nos connaissances (c'est le prochain sujet pour l'info de la semaine), une part invisible qui les rend possibles.

Pourtant, je crois qu'il existe une part de certitude, au contraire, qui traverse les corps. Une spontanéité pulsionnelle et relationnelle (dont j'ai déjà assez parlé) qui est ce sentiment de certitude. La certitude d'être là où il le faut quand il le faut et pas ailleurs, comme quand on revient, sous une infinité d'étoiles et longeant le Maroni, de manger des pâtes au thon chez Dom et Véro après une soirée d'ivresse. Je me rapporte à cet instant comme je le veux et physiquement, j'en ai les clés. Les souvenirs écrit Bergson sont idéo-moteurs. Ce souvenir, je m'y transporte et je le vis.

Tout cela est évoqué dans Barbapapa, Up Up Up!

 

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