Message interstellaire

 

Voyager Golden Record :

The sounds of earth record cover gpn 2000 001978

 

Il faut vraiment aller voir ça : http://goldenrecord.org/ !

Il s'agit d'un descriptif du contenu audio et iconographique du disque 'Voyager Golden Record' inséré dans chacune des sondes spatiales Voyager 1 et 2 lancées en 1977, aujourd'hui proches de Pluton et de la sortie du système solaire. Vous cliquez sur la cible qui localise la Terre dans notre Voie Lactée et vous accédez aux musiques du monde entier collectées (très intéressant!) ainsi qu'à une centaine de photos censées illustrer une définition de l'espèce humaine, son Humanité, ainsi que son environnement.

Ce disque est considéré comme étant "une bouteille à la mer interstellaire", plutôt symbolique, qui a pour objectif de 'nous' présenter à une quelconque intelligence extraterrestre aux confins de notre univers. Ce 'nous', si difficile à définir, de ce qu'il faut bien nommer : notre Humanité. Ce qui fait de 'nous', justement, des humains, ce qui nous rassemble et à la fois ce qui nous distingue d'un Autre relatif, supposé et phantasmé.

La NASA envoie ses sondes. Que veut-elle montrer de ce 'nous' tout relatif, ethnocentré peut-être, à ces autres imaginés? Echappe-t-elle au piège d'une définition identitaire forcément partisane, se donnant une 'nature humaine' ouvrant la possibilité d'un désir de la contrôler et permettant tous les totalitarismes?

Voyez Le Dictateur de Chaplin. Celui-ci a une vision bien définie de l'Humanité, il ne la cherche pas du dehors, comme un regard à lui adressé du Même par l'Autre. Le Même par le Même ne mène qu'à sa propre destruction :

 

 

En effet, nous pouvons nous poser la question de savoir qui est légitime pour définir cette 'nature', cette identité? Ne faut-il pas, précisément, aller la chercher ailleurs, dans cet Autre phantasmé qui est un Dieu ou un Alien?

Nous l'avons déjà vu, ce concept d'identité est dangereux ( voir Le semblable et l'identique ). Mais comment s'en débarrasser et que reste-t-il en son absence sinon un grand vent?

Ceci revient à se poser la question de savoir en quoi sommes-nous un néant?

Nous jugeons être ce que nous sommes à l'exclusion de tout autre chose. Cependant, nous ne coïncidons jamais réellement, totalement, avec ce jugement d'être. Tel ce garçon de café que décrit Sartre dans L'être et le néant qui est, précisément, garçon de café "sur le mode de ne l'être pas". Ce dernier joue à l'être et son jeu d'acteur est reconnaissable entre mille. On peut dire en ce sens qu'il se vit soi-même comme un autre, il se regarde être garçon de café, il pense se regarder comme les autres le font. Pour reprendre la formule alambiquée de Sartre : "La conscience est un être pour lequel il est dans son être question de son être en tant que cet être implique un être autre que lui".

Ce que nous croyons être, ou plutôt choisissons d'être, nous ne le sommes, dirait Sartre, que sur le mode de ne l'être pas (réellement). Le garçon de café, cherche dans le regard et la considération des autres, ce que précisément, il n'est jamais totalement mais qu'il tend à être. C'est son Projet. Voilà lâché le concept essentiel. Il en va de notre être, de notre Humanité comme d'un projet. Nous n'avons (avoir) pas d'identité car nous sommes (être) un projet, à chaque instant. Si vous voulez - et cela reste encore discutable - seuls les objets ont une identité, la pierre, la chaise... Ceux-ci n'ont pas d'histoire.

Il sont, nous existons. Notre historicité nous découvre et nous révèle à nous-mêmes d'un même geste.

Nous sommes un néant en cela que nous ne nous définissons que dans le rapport à ce que nous ne sommes pas, l'Autre en général (humains, non-humains, objets).

Qu'en est-il de ces luttes identitaires, pseudo-raciales, régionales, religieuses qui divisent et déchirent le monde aujourd'hui?

Ceux qui 'collent' (qui cherchent à le faire) à leur identité phantasmée sont des "salauds" (concept philosophique!) déclare Sartre. Ils oublient leur propre néant. Nous ne sommes qu'un grand vent, nous l'avons vu, la conscience est toute transparence et c'est ce qui constitue la possibilité de la pensée. Un 'quelque chose' nous traverse sans cesse. Le trop-plein, c'est la pierre.

Les jeunes djihadistes ne sont que des mauvais comédiens dans de vrais décors, ce sont des salauds. Ils ne sont pas les seuls.

Mais enfin, que désirons-nous montrer à cet Autre, cet hôte supposé des confins de l'univers? Quelle image désirons-nous qu'il nous renvoie de nous-mêmes, quel rôle jouons-nous?

Seul cet Autre, un en-dehors, peut nous 'voir' et nous conférer cet être que jamais nous ne serons, auquel jamais nous ne coïnciderons. Nous n'avons pas d'identité et nous ne faisons que nous comporter semblablement à ce que nous voulons être, ce projet que nous sommes à chaque instant et qui nous projette dans l'avenir, redéfinissant à chaque fois notre passé, notre présent, ce qui constitue notre existence comme historicité.

L'Humanité comme identité c'est un monde clos, la clôture, le totalitarisme. L'Humanité comme projet propose un monde ouvert, l'ouverture sans cesse recommencée d'un monde libre ou désirant l'être.

 

 

 

Commentaires (1)

1. Cyrille 04/06/2015

Là je vais de voir le relire

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