aucune bête aussi féroce

 

 

Aucune bête aussi féroce

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Edward Bunker ( 1933, 2005) , fait partie des rares écrivains de polars à avoir été emprisonné. Il est donc légitime dans ce qu'il raconte. Et là on se dit, pourvu que le gars écrive bien , et ça tombe super bien car le gars écrit super bien!!!!

 Enfance chaotique, il a embrassé la carrière très tôt, plus par obligation que par choix. Enfant placé à 4 ans, maison de redressement, puis à 17 ans la prison de Saint Quentin. Il a fréquenté un peu la fraternité Aryenne en prison mais il est quand même pote avec des blacks. Bunker s'évadera deux fois , dont une cavale de deux ans. Il sera emprisonné en tout 18 ans.

 Bunker C'est le genre de gars qui, s'il avait eu le choix dans sa vie, n'aurait pas tourné vinaigre et aurait suivi une voie plus traditionnelle, il en parle souvent dans le livre. Mais comme le dit le poète William Blake.

 « Chaque nuit, chaque matin, certains naissent pour le chagrin. Chaque matin, chaque nuit, certains naissent pour le délice exquis. Certains naissent pour le délice exquis, certains pour la nuit infinie »

C'est un poème que Personne déclame dans «Dead Man »

 Le bouquin est un bouquin de braqueur, selon Ellroy, le meilleur jamais écrit. Il écrit pas ça sur une couverture de polar pour toucher des sousous à mettre dans sa popoche, comme beaucoup d'autres auteurs le font, mais parce qu'il le pense vraiment. Il serait même fan de l'écrivain mais ça !!! Tout le monde s'en fout !

 L'histoire est toute bête, c'est un gars qui sort sous conditionnelle. Il essaie de se réinsérer comme il faut mais les obligations imposées par  le systême de la liberté sous conditionnelle est équivalent à la prison pour lui, il se sent donc frappé du sceau des taulards à tout jamais. Prison pour prison, autant être dehors.

 Ce que j'ai aimé dans ce livre c'est qu'il n'y a pas d'artifice, c'est assez brut. L'auteur ne cache pas ses pensées,il gamberge, se demande ce qu'il doit faire, il nous fait rentrer dans son intimité. Après, il y a les scènes de préparation du plan du  braquage et les braquages en eux mêmes. C'est terrible il a les foies, la pression,  l'adrénaline et nous aussi. Il arrive à nous faire ressentir l'animal qui est en nous, et qui se réveille  dans ces instants où l'on doit réagir vite, instinctivement. Il nous transporte bien, bref! C'est bien écrit. Je dirai même qu'il me fait l'effet d'un bon gars au fond. Pour écrire comme ça, le gars est un amoureux des mots.

Le titre est trompeur, rien de trash. Il faut le replacer dans son temps, les années 60/70, ils étaient beaucoup moins violent dans les polars à cette époque. L'auteur ne s' excuse pas d'être ce qu'il est, ne s'apitoie pas sur son sort. Il sait que,  ce qu'il est,  vient de lui, de son enfance,  du systême qu'il a subi très jeune. Tout ça l'a façonné. Il en veut à la société, Il est né, il en a bavé sans rien demander et on continue à lui en faire baver. A bien y réfléchir, on ne sait pas vraiment qui est la bête féroce dont parle le titre. La société, ou lui ?

 

 

Commentaires (1)

1. Nico 22/04/2015

Génial! Merci encore pour ce partage. Le bouquin fait bien envie! Putain de déterminisme social!

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