Fête de la musique!

 

Fête de la musique!

Cortege dionysos

La musique : "[...] l'extase délicieuse que la rupture du principe d'individuation fait monter du fond le plus intime de l'homme, ou même de la nature, une vue de l'essence du dionysiaque que l'analogie de l'ivresse nous rendra plus proche encore. [...] Ces émotions abolissent la subjectivité jusqu'au plus total oubli de soi." (Nietzsche, La naissance de la tragédie - 1872)

De par ce dessaisissement de soi, est découverte "l'harmonie universelle, non seulement chacun se sent uni, réconcilié, confondu avec son prochain, mais il fait un avec tous, comme si le voile de Maya s'était déchiré et qu'il n'en flottait plus que les lambeaux devant le mystère de l'Un originaire". (Ibid.)

Des 'lambeaux' du moi... c'est le démembrement dionysiaque de l'individu comme identité de soi à soi, horreur, tressaillement, face à l'implosion du principe de raison (principe de raison en logique = une chose est ce qu'elle est, A est A).

La musique, comme on le voit, recèle un 'je-ne-sais-quoi' de sacré. Elle relie les êtres de par son aspect ante rem, pré-représentation. La musique précède la représentation, l'image, bref, la chose (res) constituée. Or, c'est l'image qui sépare, ou, si l'on veut, les choses, les phénomènes qui, par essence, nous apparaissent comme séparés, comme autant d'individus isolés, dont les contours sont donnés dans une représentation ou une définition.

La musique est le seul art (les autres se construisent au contraire à partir de l'image) qui abolit ces frontières, déconstruit, de par sa propriété ante-représentation, le monde ordonné (apollinien pour Nietzsche, par opposition à dionysiaque), monde des images, des identités bien rangées, monde de la "belle apparence". Elle n'est pas une image même si secondairement elle peut l'évoquer.

La musique entraîne le corps dans la danse, une pulsion spontanée, celle du monde, des forces chtoniennes. Elle est plus un geste, une ivresse, un mysterieux tremblement qu'une image apparaissante, close sur elle-même. 

En ce sens, elle est strictement infinie et elle échappe sans cesse à toute saisie conceptuelle.

Elle se vit. Est-elle l'essence de la vie, ce sourd battement en soi?

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