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Le semblable et l'identique

 

 De la différence entre l'UMP et le PS ou comment détruire un concept du FN.

 

Tous semblables, tous differents

 

 

A contre-courant, comme à son habitude, Nietzsche s'oppose au rationalisme à outrance qui ignore et renie même (Freud le montrera bientôt aussi) ses soubassements corporels, sensitifs et psychologiques au profit d'une logique pure, perverse, simplificatrice du réel. Il dénonce cet Oubli de ce que nous appelons, pour notre part, la spontanéité pulsionnelle (voir Le renard et les raisins, Réhabiliter Hyde, Rostropovitch à Berlin).

Toujours percutant, il s'insurge encore contre les pseudo leçons que l'on pourrait tirer du darwinisme. Pour lui, en effet, l'adaptation est la marque d'une faiblesse. Seuls les faibles s'adaptent, ce sont les autres, ce qui ne peuvent plus contraindre leur propre monde, qui disparaissent.

Dans la même optique, il s'oppose donc à ce rationalisme hémiplégique qu'il nomme "l'esprit de logique" dans le Gai Savoir (1882).

En effet, la logique n'est pas le fait de quelques individus supérieurs, plus intelligents ou plus subtils. Bien au contraire, elle s'origine dans l'erreur et le peu de discernement. Erreur qui consiste à prendre le semblable pour l'identique, à les confondre.

Voici :

Nietzsche s'interroge sur les commencements de la logique : "les êtres non doués d'une vue précise avaient une avance sur ceux qui percevaient l'écoulement de toutes choses". La logique est une cécité. Elle ne correspond (avec ses concepts d'identité, de substance...) rigoureusement à rien de réel mais elle permet de discerner "l'identique" (le semblable en réalité) quant à la nourriture, aux animaux dangereux à éviter, etc... Mais cette attitude de survie finit par assimiler le simplement semblable à de l'identique.

Ceux qui ont une "vue précise", qui perçoivent "l'écoulement de toutes choses" périssent (Nietzsche est héraclitéen : la nature est un flux phénoménal perpétuel, jamais identique à lui-même et "on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve").

Ceux qui survivent sont ceux qui tronquent la nature de sa profusion, de son infinité phénoménale. Ils survivent grâce à une erreur initiale qui se transforme en un quasi instinct que Nietzsche appelle "instinct de vérité" (un mensonge en fait), une maladie pour lui.

Ce processus est encore à l'oeuvre dans notre "cerveau actuel" qui oppose cet esprit de logique (l'identique) et notre rapport sensible au monde réel, phénoménal, comme spontanéité pulsionnelle. S'agirait-il encore de retrouver, pour éviter toute confusion, une couche archaïque sédimentée, un discernement prélogique plongé dans le flux phénoménal et ses singularités? (voir Circulation alternée)

Parlons donc à présent de ce fameux UMPS cher aux apparatchiks du FN. Pour eux l'UMP et le PS sont identiques (c'est d'ailleurs eux qui pullulent aujourd'hui!). Soyons antidarwiniens à notre tour et montrons qu'ils ne sont que semblables à certains égards.

L'identique c'est le semblable en tous points. Commençons par dire que cela n'existe pas dans le monde réel. On ne trouve pas (et c'est vérifié) deux flocons de neige identiques (principe des indiscernables de Liebniz). L'identité est un concept de logique, comme la substance, cela ne correspond à rien d'effectif, de matériel.

Le semblable c'est le presque identique. Deux objets semblables contiennent donc ressemblances et différences qui assurent leur radicale altérité.

Il existe des ressemblances entre UMP et PS d'accord. Ils s'accrochent tous les deux à la crinière d'un cheval fou au galop qui est le capitalisme néolibéral dont l'autorégulation est la soi-disant vertu. Nous l'avons déjà dit, il faut des lois pour déréguler au contraire (voir Ni Dieu Ni Bête)! Car ce système s'autorégule, en effet, mais nullement dans une perspective égalitaire et plutôt en faveur de ceux qui en sont déjà les bénéficiaires. Ils se ressemblent en ceci qu'ils ne croient pas un autre monde possible. Il s'agit pour eux de s'adapter au mieux au système néocapitaliste perçu comme un phénomène mondial irréversible.

Il faudrait, si j'ose dire, remettre les pieds au sol, sur le plancher des vaches (entre autres) et reconstruire une vision politique à partir du respect de notre Terre (voir Circulation alternée).

Le monde s'arrête pour eux à la croupe du cheval à laquelle ils s'agrippent. Pourtant, je crois que l'un des deux y trouve largement son compte.

Voilà donc leur ressemblance essentielle. Maintenant, en quoi sont-ils différents?

Tout le reste, je crois les différencie. Le socialisme vise à établir l'égalité sociale ou à s'en rapprocher par plus de justice sociale (mais Cyrille en parlera mieux que moi, ça ne saurait tarder!). Par contre, la droite, par son action politique, pérennise les inégalités en favorisant les nantis, les grands héritiers, grands patrons, ceux qui ont le "mérite" (il faudra peut-être reparler de ce concept sarkozyste pour le déconstruire en le confrontant au mérite kantien) de "réussir" tout en feignant d'ignorer que cette "réussite" (exclusivement financière par ailleurs) n'est, de fait, réservée qu'à un petit nombre et barrée aux autres, précisément, victimes des inégalités sociales.

Et ce n'est pas parce que c'est des fainéants bande de cons!

Mais on ne va pas creuser plus ces différences. Ce serait trop long et ce n'est pas ici le propos essentiel (encore à toi donc Cyrille!). Il s'agissait de montrer que le semblable n'est pas l'identique, qu'il ne faut pas avoir la grossièreté et la faiblesse (d'adaptation au système capitaliste) de les confondre. Opèrer cette distinction relève d'un "esprit de finesse", dirait Pascal, que certains n'ont pas...

Il n'y a pas identité entre UMP et PS.

 

Diaspora

 

Commentaires (1)

1. Cyrille 07/04/2015

Il ne faut pas trop me mettre la pression, mais ça ne devrait pas tarder...

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